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Shane Haddad, une expérience créatrice

Mis à jour le : 05/12/2023

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Shane Haddad est diplômée du Master Création littéraire de l’UFR Lettres et Sciences Humaines porté par l’université Le Havre Normandie et l’École Supérieure d’Art et Design du Havre (ESADHaR). Elle nous parle de son passage à l’université, de la vie étudiante et de son roman « Toni tout court » paru le 7 janvier 2021 aux éditions P.O.L.

Pourriez-vous nous présenter un peu votre parcours et vos projets pour l’avenir ?

J’ai commencé mes études par une hypokhâgne-khâgne spécialité théâtre. J’ai ensuite validé ma licence de Théâtre en faisant ma L3 à la Sorbonne-Nouvelle, puis j’ai pris une année sabbatique pour travailler en librairie, être professeure de théâtre dans un collège et faire un stage au relation avec le public au théâtre de la Bastille à Paris. J’ai ensuite intégrée le Master Création Littéraire du Havre.

En parallèle j’ai continué d’animer ponctuellement des ateliers d’écriture, notamment dans un club de foot à Saint-Ouen avec les jeunes footballeurs. Je fais actuellement un service civique en médiation au centre régional d’art contemporain du Havre, Le Portique.

J’envisage la suite dans l’écriture et la médiation, dans la création intense et le partage de celle-ci avec tous les types de publics.

Que pouvez-vous nous dire sur le master de création littéraire ? (contenu, enseignements)

Il est divisé en deux : une partie à l’école d’art où nous avons des ateliers avec des écrivains, où l’on écrit à proprement parler. Nous y avons aussi une salle dédiée au master, ce qui nous donne un espace pour travailler en dehors des heures d’atelier, avec wifi et imprimante. Au deuxième trimestre, on bénéficie d’ateliers intensifs de trois jours avec des écrivains intervenants, ce qui est très formateur. La deuxième partie est à l’université avec des cours plus académiques sur la littérature de manière générale.

Ce master nous permet d’abord de légitimer notre volonté d’écrire. De rendre concret une volonté qu’aucune licence ni école en France n’a pu rendre concret. Et par conséquent, le master nous rend actif dans cette démarche. Nous avons des écrivains qui sont là pour nous, pour nous montrer que l’échec n’est qu’une étape, qu’il faut se tromper pour trouver son rythme, son style, sa phrase, sa sincérité. Le master consiste à trouver sa voix à soi. Il n’y a aucun formatage ici, c’est ce qui m’a plu.

Pouvez-vous nous parler un peu de la vie étudiante ?

Nous n’avons pas beaucoup cours et si l’on veut s’isoler ou avoir un travail étudiant à côté, c’est possible. Toutefois ces deux années demandent beaucoup de temps pour se lancer dans une quête d’écriture. Il faut savoir échanger avec les professeurs, lire, découvrir, et ne pas hésiter à échanger avec ses camarades parce que tout l’intérêt est là : avoir 15 autres étudiants qui sont venus ici pour écrire.

Il y a des moments intenses dans l’année. En M1 ce sera vers janvier-février, quand il faudra rendre la note d’intention et tous les « devoirs » pour chaque cours. C’est bien de s’y prendre à l’avance. En M2, le deuxième semestre est absolument rempli même si nous n’avons pas cours : il s’agit de finir son projet d’écriture et ça prend beaucoup, beaucoup de temps ! C’est le moment le plus stimulant, aussi ; à fond dans la création.

Les deux ans se clôturent par votre objet-livre, mis en page et imprimé, et par une soutenance devant un jury avec des membres extérieurs au master, professionnels du monde du livre, et par certains professeurs du master.

Pourriez-vous nous en dire plus à propos de votre roman « Toni tout court ” que vous venez de publier ? Comment est né ce premier roman ?

C’est l’histoire d’une fille, Toni, qui a vingt ans en ce jour. Elle va voir un match de foot le soir qui sera décisif pour le club. Le roman se passe sur une seule journée, et se meuble par toute l’attente que Toni vit. Une sorte de journée ratée à errer dans la ville, à passer d’un corps de fille à un corps de femme. Des souvenirs lui remontent et elle avance, de chez elle à l’université, de l’université au cinéma, du cinéma à un parc, d’un parc au stade. Elle veut vivre la tribune, elle ne tend que vers ça. C’est un court roman sur l’anonymat et le fait de trouver sa place.

Il est né de mon intérêt pour le foot et le théâtre. Je vais voir des matchs depuis petite et j’ai commencé à réellement les apprécier quand je les ai liés au théâtre, à cette scène entourée de milliers de spectateurs/supporters. Quand j’ai compris que je m’y sentais bien en tant que femme alors qu’autour de moi ne se trouvaient que des hommes. Il y a un anonymat incroyable dans ces tribunes parce que tout le monde est supporter. De mes questionnements et de mon intérêt j’ai cheminé dans l’écriture et ça en a fait un livre. Je l’ai écrit durant les deux années du master.

Auriez-vous des conseils pour les étudiant.e.s rêvant de devenir écrivain.e ?

L’enjeu réside dans la compréhension que l’écriture est un travail. Il s’agit de ne pas culpabiliser que l’on veut écrire, et à partir de là, écrire quand on le sent, trouver son propre rythme, « essayer » son écriture en lisant à voix haute, en écoutant le rythme, les sonorités, pour savoir si ça marche à l’oreille ou pas. Il faut accepter de supprimer des mots, des lignes, des pages entières, parce que quand ça ne fonctionne pas, ça ne fonctionne pas. Il faut prendre le temps. Et surtout, apprécier le fait de se sentir au travail. C’est un plaisir extrêmement technique et solitaire, mais c’est un plaisir tout de même.

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