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ERIC SAUNIER – CHERCHEUR ET MAITRE DE CONFÉRENCE À L’UNIVERSITÉ LE HAVRE NORMANDIE

Mis à jour le : 05/12/2023

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Commissaire scientifique de l’exposition “Esclavage, mémoires normandes” Eric Saunier est Maître de conférences en histoire moderne à l’université Le Havre Normandie, co-directeur du pôle maritime de la MRSH à l’université de Caen Normandie, spécialiste en histoire urbaine, à travers l’étude de la franc-maçonnerie et de la traite atlantique en Normandie. Il nous parle de ses activités de recherche.

Parlez-nous de vous et de votre parcours.

Avant d’enseigner à l’université Le Havre Normandie, j’étais enseignant dans le second degré durant une dizaine d’années. J’ai un parcours très normand. J’ai en effet par la suite soutenu une thèse à l’Université de Rouen en 1995 et j’ai été recruté à l’Université du Havre en 1997. J’y enseigne depuis l’histoire moderne, plus particulièrement l’histoire du XVIIIème siècle et de la Révolution. Et je suis aujourd’hui responsable du pôle d’histoire maritime de la MRSH (Maison de la Recherche Sciences Humaines) de l’université de Caen.

Pouvez-vous nous en dire plus sur vos travaux de recherche et leurs thématiques ?

Pour ce qui est des thématiques de ma recherche, elles sont liées à mon parcours d’historien de la révolution française. Nous travaillions durant ma thèse à l’université de Rouen sur la « transition révolutionnaire ». L’objet était d’étudier le processus qui mène au passage d’une société d’ordres vers une société de classes. À partir de cela j’ai choisi une thématique dont l’étude était en plein renouvellement grâce aux travaux de deux grands historiens : Maurice Agulhon et Daniel Roche (qui vient hélas de disparaître le 19 février dernier) : la sociabilité. La Franc-maçonnerie offrant de belles sources, j’ai choisi d’étudier cette forme de sociabilité.

Puis, après ma nomination au Havre, j’ai réfléchi à un objet de recherche en phase avec cette université jeune. Deux points d’appui m’ont alors paru pertinents. Le premier est un travail théorique avec la notion de “ville atlantique”. Les Atlantic studies venaient d’arriver en France. Existe-t-il une culture urbaine commune en raison de la proximité d’un espace maritime ? La réponse ne va pas de soi. Le second point d’appui est l’étude d’un prisme pour celle de cette problématique générale, à côté de la franc-maçonnerie toujours présente : l’influence culturelle du commerce colonial, la grande affaire du Havre au XVIIIe siècle.

C’est comme cela que j’ai abordé la traite et l’esclavage, Le Havre étant le 2ème port négrier français à la veille de la Révolution. Je travaille donc sur la Franc-maçonnerie « à un niveau macro », en traitant plus largement de sa place dans les espaces coloniaux, et sur le commerce colonial et la traite négrière « au niveau micro », normand, souvent havrais.

Membre du Conseil scientifique de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage pouvez-vous nous en dire plus sur vos activités en faveur de la vulgarisation de vos objets de recherche ?

La fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME) a émergé durant la crise de la COVID. Elle émane du Comité pour la mémoire de l’esclavage, qui lui a été fondé en 2004 après la loi Taubira ( La loi du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité). Son but est de diffuser, faire progresser les connaissances et d’opérer des liens avec divers acteurs pour faire connaître ce sujet socialement vif. Elle est présidée par Jean-Marc Ayrault.

J’ai été nommé dans ce comité (CNMHE) qui était sous la tutelle du ministère des outre-mer en 2016, en raison de mon activité et de ma production dans ce domaine. Tout est parti d’un article fondateur que j’ai publiés en 2007 dans les Cahiers des anneaux de la mémoire ( “Le Havre port négrier, de la défense de l’esclavage à l’oubli”). J’ai travaillé aussitôt en lien avec le Rectorat de Rouen et les collectivités territoriales haut-normandes autour de ce thème. Pour ce qui est de la FME, qui compte un plus grand nombre de membres que le CNMHE, l’objectif est d’être encore plus présent dans l’espace public. La fondation est divisée en 3 entités : le conseil d’orientation, le conseil scientifique et le conseil d’administration. Outre le soutien aux colloques et manifestations scientifiques, le CS participe aux actions de formation auprès des enseignants et a surtout une activité de recherche et de soutien à la recherche, avec appels à projet et un prix de thèse notamment. La FME soutient, de même que le Ministère de la Culture, l’exposition Esclavage Mémoire Normande qui est la première d’envergure (3 sites durant 4 mois) pour la Normandie.

Dites-nous-en davantage sur l’exposition Esclavage Mémoire Normande.

L’exposition Mémoire Normande, qui est pour moi l’aboutissement de ces années de travail et de collaboration avec les collectivités territoriales et les musées, est donc pluri-site, eu ura lieu dans les trois anciens ports de traite (Le Havre et Honfleur) ou finançant la traite (Rouen). Elle s’articule autour de 3 parcours :

  • Au Havre à Hôtel Dubocage de Bléville où le parcours, FORTUNES ET SERVITUDES, est centré le sujet des femmes et des hommes impliqués ou entraînés dans le système esclavagiste, du haut au bas de la société.
  • A Rouen à la corderie Vallois, où le parcours L’ENVERS D’UNE PROSPÉRITÉ, traitera de l’impact du commerce triangulaire sur le développement économique du territoire normand et de la mémoire de l’esclavage.
  • A Honfleur enfin où le parcours va traiter surtout des questions de navigation liées au commerce des esclaves.

Nous avons réussi, avec la Direction du Patrimoine, à réaliser ce projet régional soutenu par trois collectivités territoriales, autour d’une histoire à la fois oubliée et qui fait polémqiue.
Cette exposition aura lieu du 10 mai jusqu’au 16 septembre 2023, soit de la date de la première journée de commémoration de l’histoire et de la mémoire des traites de l’esclavage et de leurs abolitions, aux journées du patrimoine. À la fin de cette exposition, un colloque de restitution aura lieu dans les 3 villes d’exposition. Le projet se traduira aussi par deux publications : un catalogue d’exposition sous la direction de Guillaume Gaillard, directeur du patrimoine, et un livre de synthèse universitaire sous ma propre direction.

Quels sont vos projets à venir ?

Nombreux. L’un de mes projets est d’écrire une synthèse sur la Franc-maçonnerie coloniale française, version française de la synthèse existant sur l’Angleterre.

J’ai aussi pour projet éditorial l’écriture d’un manuscrit autour des écrits de la Révolution français d’un mercier du Havre qui a laissé rien moins de 5000 pages de journal de la Révolution de 1792 et 1803, ce qui est très rare.

Enfin, un projet collectif, lié à ma fonction de coresponsabilité au sein du pôle maritime de la Maison de la Recherche en Sciences Humaines. Il s’agit de pérenniser et de faire progresser la base de données sur l’inscription maritime dans le Cotentin CIMARCONET, créée en 1998 par André Zysberg. Elle sera riche à terme de 80000 fiches de marins des quartiers de Saint-Vaast, Cherbourg et Granville. Un instrument de recherche inestimable dans le champ maritime.

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