Le Pôle de Recherche en Sciences Humaines organise, le jeudi 17 décembre prochain, un séminaire transdisciplinaire proposant une analyse des mécanismes de la fabrication légale de la famille musulmane en Algérie coloniale.
Comme en témoigne le dernier roman de Michel Houellebecq, Soumission, qui tient pour évident le lien entre les musulmans et la polygamie, la « question musulmane » est abordée en France, ainsi qu’en Europe, sous l’angle de la sexualité et de la famille. L’objet de ce séminaire est de mettre en lumière que l’explication de ce phénomène tient à l’histoire du droit colonial algérien. L’Etat français a modelé le sens ainsi que la pratique du « droit musulman » en Algérie pendant un siècle de colonialisme. L’ouvrage de Judith Surkis, dont est tirée la conférence, démontre la manière dont la problématique de la sexualité et de la famille se trouvaient au cœur de ce processus. Lors de ce séminaire Judith Surkis proposera une généalogie du « statut personnel » comme cadre légal à la base du droit musulman et coutumier ; une logique qui continue d’ailleurs à structurer le « droit de la famille » dans plusieurs Etats postcoloniaux.
Historienne à l’université de Rutgers, Judith Surkis est l’auteur de l’ouvrage Sexing the Citizen : Masculinity and Morality in France, 1870-1920 (Cornell University Press, 2006). Elle prépare actuellement un ouvrage intitulé Scandalous Subjects: Sex, Law, and Sovereignty in French Algeria, 1830-1930.
Ce séminaire est organisé dans le cadre d’un projet de recherche émergent financé par la Région Haute-Normandie intitulé « Toutes en Seine ». Porté par une équipe de chercheurs pluridisciplinaires attachés à l’université du Havre, ce projet, interroge l’ensemble des Sciences Humaines et Sociales à travers le prisme du genre.
