Benjamin Steck, professeur de géographie à l’université du Havre, co-anime l’Université Populaire, en lien permanent avec Florence Lafond du Volcan, scène nationale, depuis sa création, en 2007. Revenons avec lui sur la singularité et les ambitions de ce partenariat fécond entre deux grandes institutions de la vie havraise.
Qu’est-ce que l’Université Populaire ? L’Université Populaire vise à diffuser des savoirs et des outils pour permettre au plus grand nombre de comprendre la complexité du monde. Elle est un lieu de rencontre entre les scientifiques, les artistes et les acteurs du quotidien que nous sommes tous, un lieu de provocation à la réflexion critique, dans un esprit de débat constructif. Populaire, elle l’est puisqu’elle s’adresse à toute personne désireuse d’être un acteur du changement informé, conscient et responsable. Quelle est la singularité de l’Université Populaire du Havre ? Elle est singulière en ce qu’elle repose sur une collaboration à parité entre une scène nationale, le Volcan, vouée à la création artistique, et l’université du Havre, institution d’enseignement supérieur et de recherche. La programmation de l’Université Populaire entre ainsi en consonance, au moins partielle, avec les choix artistiques qui préside à celle du Volcan. De cette alliance entre création artistique et réflexion scientifique découle tout naturellement un dialogue qui ouvre des voies nouvelles à la compréhension du monde. Elle est singulière également par son entière gratuité et son ouverture à tous : ni adhésion, ni cotisation ni inscription préalable, sauf pour quelques ateliers à public limité. Les coûts sont supportés à parts égales par les deux partenaires sur leur propre budget. Quel est son mode de fonctionnement ? L’Université Populaire propose des cycles de conférences, le lundi soir de 18h30 à 20h30. Pour 2014-2015, cinq cycles sont au programme : Mondes et monde, Histoires et histoire, Le Corps, La Ville en chantier, Communication et langages. Les intervenants sont principalement des universitaires mais sont aussi invités des artistes, des essayistes, des journalistes dont la notoriété dans leur domaine est reconnue… Les enseignants-chercheurs de l’université du Havre constituent à peu près le quart des intervenants. Les conférences se terminent par un moment d’échange qui permet à chacun, par son intervention, de susciter des questionnements complémentaires. Des ateliers de création artistique et de production scientifique constituent l’autre volet de l’Université Populaire, permettant une mise en situation pratique qui éclaire autrement les grands questionnements de notre temps. Depuis la conférence de rentrée, début octobre, les amphis ne désemplissent pas. Comment expliquez-vous ce succès ? Animée par un conseil scientifique réunissant des représentants de l’université et du Volcan, sensibles aux dynamiques à l’œuvre dans le monde, l’Université Populaire répond à des interrogations fondamentales de nos contemporains. Chacun peut trouver, dans l’année, une conférence qui correspond à ses centres d’intérêt, même si tous les champs possibles ne peuvent pas être couverts. Qu’est-ce qui, depuis bientôt 8 ans, continue de vous motiver dans cette entreprise ? L’esprit de l’Université Populaire. Elle répond à une volonté de démocratisation de la science et de la culture. Elle vise à donner des clés de lecture et par conséquent des moyens d’action. Elle démontre aussi que la science et l’art sont deux voies complémentaires pour affronter les grandes questions. L’expérience havraise, pour singulière qu’elle soit, participe en fait à une conviction partagée par toutes les universités populaires : faire le pari que l’intelligence des choses doit être placée au cœur de toute ambition collective, encore plus en un temps de crise.
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