Conférence du séminaire OCEANIA – Observatoire des Cultures Et des Altérités de Normandie d’Ici et d’Ailleurs – la conférence intitulée “Ku Klux Klan” sera animée par Lamia DZANOUNI-BROUSSE DE LABORDE, Université de Picardie.
Résumé:
Peaux noires, masques blancs: entre suprématie blanche et émergence d’une conscience noire. Au début du XXe siècle, le Ku Klux Klan vit une seconde naissance dans un contexte idéologique plus propice. Il rencontre alors un public acquis à sa cause et bénéficie d’une couverture médiatique significative. Si des journalistes condamnent les agissements de cette organisation, une large partie de la presse lui offre un soutien de taille. Se posant néanmoins en victimes des médias, les membres du Klan initient leurs propres publications.
Entre 1923 et 1924, The Kourier devient l’un des organes de presse officiel du Klan, jouissant d’une diffusion nationale. Les dessins publiés subliment le Klan qui se veut le guide d’une société ayant perdu ses repères. Les illustrations de propagande foisonnent, glorifiant divers membres de cette organisation, propageant une représentation stéréotypée de la population noire et des immigrés et défendant ainsi la suprématie blanche. Pourtant, à force de clichés montrant la sauvagerie, la barbarie et l’infériorité de la population noire, n’y a-t-il pas révélation des tentations obscures d’une population qui se prétend civilisée ? Alors que progresse le racisme, la riposte s’organise, notamment dans The Crisis. Une certaine presse émerge, portant le fer au cœur des luttes politiques et idéologiques. La charge est à la hauteur des persécutions subies : forte, intelligente et subtile. Le dessin, instrument du combat contre le racisme, s’efforce de reconstruire l’histoire noire sur le sol américain. La population noire s’insurge pour créer et imposer une contre image.
Lamia Dzanouni-Brousse de Laborde est Docteur de l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3. Ses recherches portent sur l’importance du dessin de presse dans le combat des Noirs pour leurs droits, dans une perspective à la fois américaine et française, lors de moments-clés entre la guerre de Sécession et le mouvement des droits civiques d’une part, et la France coloniale et les guerres de décolonisation d’autre part. Elle a publié, entre autres, “The Crisis and African American Literature 1919-1925: Writing History, Promoting Literature, Redefining Publishing,” European Journal of American Studies ; « L’influence de la presse ou la presse sous influence(s) ? L’exemple du Harper’s Weekly (1857-1916) » Mentalités/Mentalities (2017) ; « Les presses noire et anticolonialiste : ‘Un art de débat, une [arme] de combat’ » Chemins de traverse (2018).