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Frédéric Serin, référent accessibilité Numérique de l’Université Le Havre Normandie, revient sur sa mission et les enjeux de cette dernière dans l’univers de l’enseignement supérieur et de la recherche.
La fonction de référent accessibilité numérique est devenue incontournable dans une société qui se veut inclusive. Mais au-delà de cette inclusion nécessaire, j’entends par accessibilité la facilité pour chacun de pouvoir disposer rapidement à une information, l’accessibilité incluant évidemment la visibilité, la lisibilité et la compréhension.
Il serait restrictif de comprendre le terme d’accessibilité uniquement sous l’angle d’une inclusion des personnes en situation de handicap. Non seulement l’illectronisme est très largement répandu, mais la gestion des documents numériques demande également à ce que l’informatique ne s’écarte pas de sa mission que je considère comme essentielle : facilité la vie de chacun, alléger les tâches secondaires, partager l’information avec la meilleure efficacité.
Le rôle de référent est donc, à mon avis, celle d’un facilitateur. Répondre aux questions que chacun pourra se poser, interpeller les autorités pour mettre en place quelques bonnes pratiques avec pour point de vue de convaincre, jamais contraindre. Enfin, en secondant le vice-président numérique, rappeler qu’il est toujours moins coûteux de prévoir à l’avance les bonnes pratiques plutôt que de devoir par la suite réparer les manques constatés.
Par ce texte introductif, je veux aussi faire connaître à tous nos collègues qu’ils ont un interlocuteur qui saura être la courroie de transmission afin que des attentes qui amélioreraient l’accessibilité puissent être mises en œuvre avec la meilleure efficacité.
Quels sont les engagements pris par l’ULHN en matière d’accessibilité ?
Le référent accessibilité numérique a vocation à être l’interlocuteur privilégié sur tous les sujets d’accessibilité numérique à l’université.
Le 28 février 2023, notre président, Pedro Lages Dos Santos, me proposait d’occuper la fonction de référent accessibilité numérique. La lettre de mission, si je devais être seul à l’appliquer point par point, prendrait sans doute quelques décennies. Mais ce n’est pas une trop grande ambition, il faut y voir en fait un acte d’afficher une vision claire et cohérente, car il pose un plan de coordination avec le vice-président numérique, la mise en place d’une direction du système d’information avec l’arrivée prochaine d’un Directeur des Systèmes Informatiques.
L’objectif est d’intégrer dès le départ une meilleure accessibilité de tous nos outils informatiques, une appropriation par toutes et tous d’attitudes et d’habitudes qui viseront à garantir l’accessibilité, mais aussi une responsabilité environnementale, une garantie d’outils facilitant nos activités ; en une phrase, un environnement favorable à une amélioration de la qualité de vie au travail.
En première ligne de mire, la rénovation du site Web de notre université : plus accessible, plus lisible et plus visible. Cette refonte passera par un usage plus aisé et des apports informationnels faciles à déposer.
Je saurais être aux côtés du Vice-président Numérique et de la Direction des Systèmes Informatiques, avec toutes et tous dont les contributions seront accueillies avec intérêt, pour pointer les changements à apporter aux outils disponibles dans notre système informatique. Par vos retours d’expérience, vos suggestions, vous pouvez participer à cette volonté d’amélioration portée par l’équipe présidentielle. J’aurais à cœur de veiller à garantir l’accessibilité, pour l’intérêt de toutes et tous. La tache est ardue, d’autant que nous ne sommes pas toujours maîtres du code source. Mais il nous appartient de rappeler aux divers prestataires leur responsabilité en la matière.
Pouvez-vous, s’il vous plaît, nous présenter votre parcours en quelques mots ?
Le référent accessibilité numérique (RAN) n’a nul besoin d’être un informaticien. Cela peut aider dans certaines situations, mais notre service informatique ne manque pas de collègues compétents.
En revanche, parce que j’ai orienté mes recherches au sein du LITIS vers l’accessibilité numérique, en développant un outils permettant de réaliser facilement et automatiquement des graphiques totalement accessibles, j’ai acquis une réelle compétence, reconnue par des publications. J’ai aussi pu tisser des relations professionnelles en ce domaine. Avant que j’oriente mes recherches dans le domaine de l’accessibilité, j’avais déjà pédagogiquement à l’IUT monté des interventions sur les règles du Web, y compris le respect du WCAG.
Parfois, il m’arrive de dire que j’ai eu la chance de devenir aveugle. Cela peut paraître paradoxal, mais cela m’a amené à rencontrer beaucoup de personnes dont les profils m’ont enrichi. Dans la recherche universitaire sur le handicap, les équipes sont souvent transdisciplinaires. J’ai appris ainsi à communiquer, échanger, travailler avec des personnes à la fois des sciences et techniques, mais aussi originaires des sciences sociales et humaines. Cela apporte beaucoup en connaissances et en capacité à communiquer en utilisant un vocabulaire adapté à chaque sensibilité.
Dans le logiciel que je développe, j’ai adopté une attitude inclusive que je qualifierais de bidirectionnelle. Me permettre d’être inclus dans le milieu universitaire, mais aussi permettre aux étudiants “ordinaires” de profiter de cet outil pour progresser dans leurs connaissances. Ils adhèrent et participent à l’enrichissement de cet outil.
Cette attitude, je pense qu’elle est tout à fait adaptée également au rôle de référent accessibilité qui doit savoir écouter et inviter à la collaboration, accompagner et permettre la co-construction, proposer les solutions les mieux adaptées… Dans le domaine du handicap, j’ai appris qu’aucune solution n’était applicable à tous sans un minimum d’adaptation, de prise en compte de l’individualité de chacun.
Pourquoi avez-vous accepté de devenir référent accessibilité ?
J’ai une ambition, celle de rendre les moyens numériques vecteurs d’inclusion. Et avec en plus une simplification d’usage, aller vers un mieux être, une facilité d’usage pour un confort qui améliorera notre qualité de vie au travail.
j’ai tendance à penser que si chacun participe à la vie collective, avec une démarche altruiste, notre environnement ne peut que s’en trouver amélioré. J’ai des compétences dans le domaine de l’accessibilité numérique. Alors pourquoi pas la mettre au service de l’université ?
Au-delà d’être enseignant et chercheur sensibilisé à l’accessibilité, je suis impliqué dans la vie de l’ULHN : je suis représentant dans quelques conseils, l’ai été dans d’autres… Je participe également à la vie associative en dehors de notre établissement. Toutes mes activités sont l’occasion d’échanger avec beaucoup de personnes, aux profils divers, aux attentes multiples. C’est une qualité qu’il faut trouver chez un référent, savoir être à l’écoute, analyser les situations et participer à l’élaboration de solutions.
Je me permets de conclure par cette invitation : n’hésitez pas à m’interpeller, me faire des suggestions.
