Romain Coulaud – maître de conférence et membre du laboratoire SEBIO
Mis à jour le : 06/12/2023
Romain Coulaud est maître de conférence à l’Université Le Havre Normandie et membre du laboratoire SEBIO (Stress Environnementaux et BIOsurveillance des milieux aquatiques) il évoque son parcours et explique l’objet de ses recherches qui se situent à l’interface de plusieurs disciplines : l’écophysiologie, l’écotoxicologie, l’écologie des communautés ou encore les biostatistiques.
Pourriez-vous présenter votre parcours en quelques mots ?
Je suis Romain Coulaud, maître de conférences à l’Université Le Havre Normandie et chercheur au sein du laboratoire SEBIO (Stress Environnementaux et BIOsurveillance des milieux aquatiques). Pour ce qui est de mon parcours j’ai réalisé une Licence de Biologie des Organismes et des Populations à l’Université Claude Bernard Lyon 1. Suite à cela, j’ai poursuivi mes études dans le Master Ecologie, Evolution et Biométrie, toujours à Lyon. J’ai continué mon parcours en réalisant un doctorat en Ecologie, Ecotoxicologie et Modélisation au Laboratoire d’Ecotoxicologie du CEMAGREF (Centre d’Étude du Machinisme Agricole et du Génie Rural des Eaux et Forêts) qui fait aujourd’hui partie de l’INRAe (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’alimentation et l’Environnement). Mes travaux de doctorat portaient la Modélisation et changement d’échelles pour l’évaluation écotoxicologique : application à deux macroinvertébrés aquatiques, Gammarus fossarum (crustacé amphipode) et Potamopyrgus antipodarum (mollusque gastéropode). J’ai aussi réalisé un post-doctorat de 3 ans à Metz au LIEC (Laboratoire Interdisciplinaire des Environnements Continentaux). Enfin, j’ai été recruté à l’Université Le Havre Normandie en 2016 au sein du laboratoire SEIBIO.
Parlez-nous de votre structure de recherche.
Le laboratoire SEBIO est une Unité Mixte de Recherche (UMR) est assez récente (2014) issue du regroupement du laboratoire d’écotoxicologie de l’Université Le Havre Normandie, de celui de l’Université de Reims Champagne-Ardenne et d’une partie des chercheurs de l’INERIS (Institut national de l’environnement industriel et des risques). L’UMR SEBIO est donc une unité pluri-sites qui mène ses travaux dans le domaine de l’écotoxicologie aquatique (en grande majorité sur des espèces animales) avec comme zone d’études principale le bassin versant de la Seine, des eaux douces jusqu’à la mer. La stratégie scientifique de SEBIO s’inscrit dans le continuum recherche fondamentale – recherche appliquée. Ses objectifs principaux sont ,d’une part, d’améliorer les connaissances sur les modèles biologiques et les mécanismes d’action de la contamination environnementale afin de mettre en évidence des réponses biologiques d’intérêt, d’autre part, de développer à partir de ses connaissances des outils validés pour le transfert à l’opérationnel dans un contexte de bioévaluation des dangers et des risques de contaminants et de biosurveillance de leurs impacts sur l’environnement aquatique. Une des originalité de SEBIO repose ainsi sur sa vocation à coupler rechercher fondamentale et appliquée et de travailler en lien avec les gestionnaires des milieux aquatiques comme les agences de l’eau, l’Office Français de la Biodiversité (OFB) ou encore au niveau local le GIP Seine-Aval.
Pouvez-vous nous parler de l’objet de vos recherches ?
Mes recherches se situent à l’interface de plusieurs disciplines, entre l’écophysiologie, l’écotoxicologie, l’écologie des communautés ou encore les biostatistiques.
Elles portent sur l’évaluation de l’impact des stress environnementaux sur l’état de santé des organismes aquatiques, principalement les macro-invertébrés. La démarche consiste tout d’abord à étudier les impacts des stress environnementaux, principalement la contamination chimique,) au niveau des organismes dans une approche multi-échelles biologiques avec la mesure de marqueurs sub-individuels (biomarqueurs) et individuels (comportement, reproduction, croissance, survie) et dans un second temps, de caractériser les conséquences à long terme sur les populations voire les communautés en s’appuyant sur des méthodes de modélisation.
Pour évaluer ces stress, je combine des expériences en conditions contrôlées au laboratoire et des expériences sur le terrain. Je mène ces recherches en collaboration avec les autres membres de l’UMR SEBIO ainsi qu’avec d’autres laboratoires de recherche en écologie et en écotoxicologie.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les différents projets que vous menez ?
Je participe à plusieurs projets de recherche en parallèle avec différentes collaborations, principalement nationales. Pour faire un focus sur quelques-uns, récemment, il y a eu le projet GEDUBOUQ (2020-2023) financé par le Fonds Européen des Affaires Maritimes et de la Pêche (FEAMP) et qui vient de se terminer. Ce projet était centré sur la crevette bouquet, qui est une espèce emblématique de la Région Normandie dont on connaît finalement assez peu la biologie et l’écologie. Le point de départ du projet venait d’une constatation des pêcheurs professionnels et amateurs indiquant une possible diminution de la ressource depuis quelques années. L’objectif était d’apprendre à mieux connaître l’espèce, son cycle de vie et sa reproduction. Pour cela nous avons travaillé sur plusieurs sites d’intérêt en Normandie.
L’un de autres projets significatifs est le duo de projets Sashimi / Biosurveillance (2018-2022 ) porté par mon collègue Benoit Xuereb. Pour ces projets, nous avons travaillé avec le GIP Seine-Aval, l’Agence de l’Eau Seine Normandie, l’OFB ainsi que plusieurs laboratoires de recherche français en écotoxicologie. L’objectif était d’évaluer la qualité des masses d’eau du district Seine-Normandie (sur le continuum eaux douces, de transition et littorales) en étudiant différentes réponses biologiques sur plusieurs espèces de crustacés, de mollusques ou de poissons.
Quels sont vos projets à venir ?
Les principaux projets à venir seront surtout centrés sur l’étude de la crevette bouquet. Le doctorant que j’encadre actuellement, Jean-Baptiste Baudet, soutiendra sa thèse sur l’étude de la reproduction de cette espèce et notamment sur la plasticité du développement embryo-larvaire (cf projet GEDUBOUQ) en décembre 2023. Maintenant, le projet sera d’étudier la reproduction de la crevette bouquet dans un contexte d’écotoxicologie en développant un bioessai embryo-larvaire qui permettra de mesurer l’impact des contaminants chimiques sur la reproduction de cette espèce. Pour cela, une thèse débutera à la rentrée 2023.
De plus, nous avons déposé il y a quelques semaines un projet de recherche auprès de la Région Normandie et une demande de thèse pour nous intéresser à l’étude du comportement de nage et du comportement alimentaire de la crevette bouquet. En effet, les réponses comportementales sont reconnues comme des marqueurs sensibles, intégratifs et précoces pour mesurer l’impact des stress environnementaux sur les organismes mais sont encore trop rarement étudiées, en particulier en milieu marin.