A l’occasion de la publication du livre de John Barzman, Corinne Bouillot et Andrew Knapp, intitulé “Bombardements 44, Le Havre, Normandie, France, Europe”, auquel plusieurs enseignants chercheurs de l’université du Havre ont collaboré, un atelier de recherche discutera des principaux résultats et des nouvelles pistes ouvertes par les travaux du projet de recherche GRR CSN Normandie 44.
Le colloque « Bombardements 1944 » tenu en septembre 2014 et la publication du livre qui en est issu, ont eu pour effet, par la multiplication des approches comparatives et des échelles d’observation, de faire progresser la connaissance, de mettre en valeur de nouveaux apports historiographiques sur ces destructions nécessaires plus ou moins réussies, voire de remettre en question des légendes urbaines, des mémoires de réseaux relatives à l’ensemble de la période de guerre et d’occupation. Les porteurs du projet ont ressenti un besoin, non de tirer un bilan de l’ouvrage, ce que fait parfaitement Corinne Bouillot dans sa belle introduction, mais de saisir l’occasion de cette avancée passionnante pour pénétrer davantage dans le contexte de ces bombardements, ici, au Havre, au cours de cet atelier. L’histoire des bombardements du Havre met en jeu au moins trois objets d’histoire qui méritent approfondissement et débat. La première séquence sera consacrée à la question des cibles, de l’efficacité et du bilan des différents bombardements depuis 1940. La forteresse a-t-elle retardé l’avance alliée ? Osera-t-on parler de bombardements réussis ? La Résistance avait-elle vraiment les moyens d’y jouer un rôle ? Le Havre a-t-il été autant bombardé qu’on se le représente ? Peut-on comparer Le Havre et Caen? Comment la question de l’évacuation a-t-elle été instrumentalisée de part et d’autre ? La deuxième séquence reviendra sur les traumatismes ou la question de « l’après ». Bombardements allemands, exode, occupation, bombardements alliés, déportations, table rase de septembre 1944 : comment s’est instaurée dans la transmission ou les gouvernances mémorielles une hiérarchie des souffrances et par quels mécanismes individuels ou collectifs ? Les traumatismes ont-ils engendré des avatars porteurs de légendes ou d’erreurs ? Quelles interactions se sont produites, notamment entre l’exode de 1940 et les événements de septembre 1944 ? L’héroïsation de la reconstruction pose-t-elle question? La troisième séquence traitera de la Table rase comme “souvenir-écran” à ce qui s’est passé avant septembre 1944. L’historiographie du Havre durant la seconde guerre mondiale n’a-t-elle pas été d’une grande pauvreté durant des décennies comparativement au reste de la Normandie ? Le récit de l’Occupation s’est longtemps focalisé sur le courage de la défense passive et les pénuries. Mais nombre d’aspects sont demeurés tabous : certaines formes de collaboration, les spoliations, le vichysme et la Révolution nationale dans la ville. Les paradoxes de la Résistance au Havre sont-ils aujourd’hui mieux étudiés ? Retrouvez le programme de cet atelier