Diplômée du Master Création littéraire de l’UFR Lettres et Sciences Humaines co-acrédité avec l’ESADHaR, Camille Reynaud est une jeune auteure et photographe. Aujourd’hui elle revient sur son parcours, nous raconte ses années d’étude à l’université et la sortie de son premier roman « Et par endroit ça fait des noeuds. » paru le 13 janvier 2021 aux éditions Autrement.
Après une classe préparatoire B/L au lycée Montaigne à Bordeaux et un master recherche en sociologie à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) de Paris, j’ai effectué un service civique à la Délégation aux droits des femmes de la Seine-Saint-Denis, puis j’ai décidé de me tourner vers l’écriture en postulant au Master de Création littéraire du Havre.
Auteure et photographe, j’explore des formes de narration qui entremêlent documentaire et fiction, sciences dures et littérature, texte et image. J’anime en parallèle des ateliers d’écriture. L’objectif est de pouvoir continuer à travailler sur mes projets de création, en postulant à des résidences d’artiste-auteure notamment.
Un espace (en tant que lieu et temps) dédié à l’écriture, où explorer ma pratique et la confronter à celle des autres étudiant.e.s, dans un cadre stimulant mais toujours bienveillant d’échanges et de regards mutuels. J’ai eu la chance d’être accompagnée dans mes projets d’écriture par une écrivaine exigeante et à l’écoute.
Cette formation m’a obligée à prendre du recul vis-à-vis de mon écriture, à l’inscrire dans une toile plus vaste de références, à m’ouvrir à une littérature que j’ignorais jusqu’à présent. Hors du master, je ne sais pas si j’aurais osé sortir de l’écriture pour soi, je ne sais pas si j’aurais osé expérimenter comme je l’ai fait.
Je suis née en Martinique et j’ai grandi dans les Pyrénées. Mais après avoir vécu 4 ans à Paris, je crois que j’avais besoin de venir au Havre et d’y redécouvrir la mer. J’ai eu un coup de cœur pour la ville en venant passer mon entretien de sélection, et la première impression s’est muée en affection.
La largeur des pistes cyclables, la gentillesse des commerçants, la programmation du Sirius et du Studio, l’ébullition culturelle et littéraire, l’horizon aux mille couchers de soleil, les Frites à Victor et les rencontres dans l’eau avec les baigneurs que même l’hiver ne freine pas, tout cela m’a séduite. Quant au campus, j’ai eu la chance d’appartenir à une formation à cheval sur l’université et l’école d’art, et de profiter de cette double structure.
J’ai écrit « Et par endroits ça fait des nœuds » au cours de ma première année au sein du master. À l’origine de ce livre : une rupture d’anévrisme cérébral, survenue un mois à peine après l’obtention de mon diplôme de l’EHESS, juste avant mes 23 ans. C’est elle qui m’a poussée à écrire, même si au départ, en intégrant le master, je ne pensais pas écrire sur elle. Mais voilà, le master m’a permis, comme je le disais plus haut, de « sortir l’écriture de soi », de transformer une expérience intime en histoire pour les autres, d’inventer une forme de littérature médicale qui soit moins scientifique que poétique. Car « Et par endroits ça fait des nœuds » part de moi pour mieux parler des autres, de la maladie comme état universel mais aussi comme matériau d’invention et de réinvention de soi, par les arts et la littérature notamment.
La formation m’a aussi offert du matériau brut, concret : par exemple, pendant ces deux années, j’ai posé pour les cours de modèle vivant des Beaux Arts, et j’ai connecté cette expérience de dissection du corps nu par le regard, de l’immobilité du corps posé sur une paillasse, à l’acte chirurgical.
Pour résumer, « Et par endroits ça fait des nœuds » c’est l’histoire d’une langue qui cherche son chemin dans un cerveau qui se noie d’une jeune femme qui essaie de reconstruire le radeau, planche par planche, même si les planches proviennent de bateaux disparates et ne s’emboîtent jamais parfaitement — et c’est peut-être mieux ainsi.
Crédit photo : Astrid di Crollalanza